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3-3-1792 Paris ce 3 mars 1792
l'an de la Liberté

Messieurs et chers Concitoyens,

Enfin le ministre nous a donné avant
hier connoissance de la réponse de
l'empereur. Quoiqu'elle soit très plate
et très insignifiante on en peut conclure
qu'il ne veut pas la guerre. Une déclaration
pareille a été remise le lendemain par
l'ambassadeur de Prusse. Léopold et
Frédéric disent clairement et unanimement
qu'ils ne troubleront point le repos de
la France aussi longtems que la aussi longtems que la
Constitution acceptée par le roi sera
respectée ; mais que si on y faisoit quelque
changement, ils se verroient forcés d'agir		.FranceVisualiser(1 image)
hostilement contre la Nation, pour maintenir
la monarchie et la prérogative royale,
assurée par la Constitution à Louis XVI.
Telle est la substance de ces 2 déclarations.
Léopold y ajoute très platement beaucoup
de déclamations contre les factieux et
surtout contre les Jacobins, ce qui donna
occasion aux Parisiens de publier hier
au soir ironiquement un pamphlet
intitulé : déclaration de guerre par
l'empereur aux Jacobins.

D'ailleurs dans ce moment
Paris est fort tranquille. Toute la
semaine nous avons eu chaque jour
2 séances pour l'expédition des affaires
les plus pressées. Les papiers publics
vous en donneront les détails.

Je félicite notre ville de la
nouvelle acquisition qu'elle vient de faire.
Monsieur Le Bonnieu réunit à		ParisNation,, Jacobins, .Visualiser(1 image)
beaucoup d'autres bonnes qualités celles
d'un excellent chirurgien et d'un bon
patriote.

Je suis avec un fraternel et
respectueux attachement,

Messieurs,

votre très humble
et obéissant serviteurserviteur

Jean Louis Bagot

Post Scriptum J'oubliois de vous dire que la copie
qu'on nous a luë de la réponse du roi à
l'empereur est noble et ferme et que
Louis 16 ne consent à la paix qu'autant
que le nombre de troupes dans les Pays-Bas
sera réduit à 40 mille hommes, conformément
aux traités. Tout cela semble nous dire que		Visualiser(1 image)
nous n'aurons pas la guerre.Visualiser(1 image)
5-3-1792 Paris ce 5 mars 1792
L'an quatrième de la Liberté

Messieurs et chers Concitoyens,

Je n'ai point encore reçu votre dernière.
En conséquence je ne puis répondre à ce qu'elle
contient.

Les recrutemens se font partout avec
une activité étonnante. La seule ville de
Paris fournit 6000 recruës : Lille 2000.
Il est très probable qu'à la fin du mois
tous les régimens seront au complet de
guerre et audelà, car l'ardeur et le patriotisme
paroissent être les mêmes partout. Cela est
au point que quelques cités nous ont déjà
fait part de leurs craintes de voir disparaître
de leur sein les citoyens patriotes propres		Paris, LilleVisualiser(1 image)
à y maintenir l'ordre. Il paroit certain
que sous la fin d'avril nous aurons au
moins 200,000 hommes armés sur les
frontières. Ces formidables préparatifs ne
donnent pas beau jeu à ceux qui voudront
nous attaquer. Aussi est-il très probable que
nous n'aurons pas la guerre.

Dans ce moment Paris est très
tranquille, mais il y a toujours de la
fermentation dans les départemens voisins
ou la libre circulation des subsistances
souffre de grandes difficultés. L'émeute de
Noyon paroit calmée. Mais il ya eu à
Etampes une pour le même sujet
une sédition qui a coûté la vie au maire
et dans laquelle le procureur de la commune
a été gravement blessés. On vient d'y faire
passer des troupes.

Je ne vous fais point le détail
de nos séances qui vous seront connuës
par les papiers publics.

Adieu, Messieurs, je vous souhaite		Paris, Noyon, EtampesVisualiser(1 image)
à tous bien de la santé et je suis pour la
vie avec un inviolable attachement,

votre très humble
et obéissant serviteurserviteur

Jean-Louis Bagot		Visualiser(1 image)
7-3-1792 Paris ce 7 mars 1792
l'an quatrième de la Liberté

Messieurs et chers Concitoyens,

Depuis 2 jours nous n'avons presque
rien fait pour le bien général, quoique
nous ayons eu quatre séances qui ont
été presque entièrement remplies par les
incidens qui se sont manifestés dans diverses
parties de l'Empire, surtout dans les
départemens des Bouches-du-Rhône, de
l'Eure et de Seine-et-Oise. Le prétexte
des mouvemens séditieux dans ces 2
derniers départemens voisins de la capitale
a été la circulation des subsistances qui y
sont cependant très abondantes et à bon
marché, ce qui prouve évidemment que c'est		capitalel'Empire,, départemens des Bouches-du-Rhône, de, l'Eure et de Seine-et-Oise, départemensVisualiser(1 image)
l'effet des menées des ennemis du repos
public qui veulent déchirer la patrie en
dedans, dans l'instant ou elle est menacée
par les ennemis du dehors. Le pouvoir
exécutif vient d'être autorisé par décret
à faire passer à Versailles et lieux circonvoisins,
quatre escadrons de troupes à cheval, un
bataillon d'infanterie et 4 pièces de canons,
et demain 800 hommes de la garde Nationale
parisienne renforceront cette petite armée.
Avec ces forces prudemment dirigées on
pourra déjouer les projets des séditieux,
comme on l'a fait dans le département
d'Oise il y a quelques jours. A l'égard
des Bouches du Rhône, nous ignorons encore
précisément comment tout s'est passé.
On sait seulement que 4 mille hommes
et 12 pièces de canon sortis de Marseille
sans l'aveu de la municipalité et sans
chef connu, se sont portés sans réquisition
légale à Aix, ont désarmé le rrégiment d'Ernest
Suisse qui s'y trouvoit, ont mis le directoire		Versailles, Bouches du Rhône, Marseille, Aix, Suissegarde Nationale, département, d'Oise, municipalité, régiment d'Ernest, directoireVisualiser(1 image)
du département en fuite et ont voulu transférer
les papiers de l'administration à Marseille.
Cependant la sagesse et la fermeté de la
municipalité, ainsi que celle du conseil de
département qui s'est promptement
rassemblé, ont empêché cette translation et
après 3 jours de troubles, les Marseillois
sont retournés chez eux. Heureusement que
dans toute cette bagarre il n'y a pas eu de
sang de répandu. On va rassembler dans
ces départemens méridionaux une armée
de 22 bataillons et de 6 escadrons pour
y maintenir l'ordre sous la conduite de
deux officiers généraux très patriotes.
Je ne sais trop comment la municipalité
de Marseille se justifiera de cette équipée
qui ne peut guère s'être faite à son
inçu.

Voilà, Messieurs, des malheurs
dont il faut craindre la répétition.
Malheurs d'autant plus réels qu'ils
absorbent tout notre temps et ne nous		Marseille, départemens méridionaux, Marseilledu département, municipalité, conseil de, département, officiers généraux, municipalitéVisualiser(1 image)
permettent pas de nous livrer aux grands
travaux qui paroissoient destinés à l'Assemblée
législative.

Quant à la guerre, beaucoup de
gens pensent qu'elle n'aura pas lieu sans
que cependant on puisse l'assurer, puisque si
on nous attaque il faudra que nous nous
défendions. Heureusement que nos départements
ne participent pas à la fermentation intérieure
qui pourroit devenir générale.

Je ne vous parle point de l'affaire
de Rennes dont vous êtes sans doute mieux
instruit que nous.

Adieu, Messieurs, ne doutez
jamais de tous les sentimens que vous
a voués pour la vie

votre très humble
et obéissant serviteurserviteur

Jean-Louis Bagot		RennesdépartementsVisualiser(1 image)
Paris ce 10 mars 1792

Messieurs et chers Concitoyens,

Comme il fait ici de la neige depuis
24 heures, je n'ai point encore reçu votre
dernière lettre. Vous aurez incessamment
le mode pour le séquestre des biens des
émigrés. Les 4 premiers articles sont
décrétés. Du surplus les papiers publics
vous apprendront le détail de nos dernières
séances.

Je crois qu'il va s'opérer incessamment
du changement dans le ministère, et l'on
parle beaucoup de la retraite de Messieurs
Bertrand et Delessart. Ce qu'il y a de très		ministèreVisualiser(1 image)
20-3-1792 certain, c'est que l'opinion des ministres
est fort divisée et il est de l'intérêt général
qu'un pareil dissentiment cesse par la
retraite de quelques uns des dissidens.

La fermeté constitutionnelle
qu'ont développé les corps administratifs
ainsi que les gardes nationales et les troupes
de ligne répanduës dans les divers
départemens ou il s'est manifesté des
insurrections paroit en avoir
entièrement arrêté le cours. Il n'est
pas inutile d'observer que tous ces
mouvemens survenus en même tems
semblent avoir une cause commune.
Les ennemis de la chose publique
annoncent pareil évènement à Paris
sous le 20 du courant ; mais nous ne
le craignons pas, malgré la diversité
d'opinions qui régne quelquefois dans
l'Assemblée nationale.		Pariscorps administratifs, gardes nationales, troupes, de ligne, départemens, ssemblée nationaleVisualiser(1 image)
/ On mande de Nancy, chef-lieu du
département- de la Meurthe que les émigrés
repassent en France par centaines. On
assure que les princes leur ont fait
notifier que ceux qui pouroient se
soutenir avec leurs propres moyens
pouvoient rester mais qu'ils ne pouvoient
rien donner aux autres. Si ces nouvelles
sont certaines, ont peut compter que
nous n'aurons pas la guerre et qu'avant
peu de mois le crédit de la Nation et
des assignats se relèvera.

Quant à ce que vous demandez
Messieurs, relativement à la double
imposition à laquelle se trouvent
soumise les propriétés de la municipalité
de Saint Brieuc pour 1790, il est de toute
évidence que vous n'en devez payer qu'une,
c'est à dire celle de 990 livres tournois sur le rôle
de Monsieur Dumargat. C'est une erreur
qu'ont faite les répartiteurs de 1790		Saint BrieucmunicipalitéVisualiser(1 image)
qui ne pensoient pas que suivant
l'ancien régime, vous seriez imposés
par la commission intermédiaire pour
la dite année. Le district a décidé
conformément à la loi. Vous devez payer
sur les 2 rôles mais en représentant
vos 2 quittances. Le district doit sur
le champ vous donner une ordonnance
de reprise d'une des sommes payées.
Vous pourriez encore la passer en non
valeur à Monsieur Le Normant, mais cette
voie seroit moins légale.

Monsieur Chalot sort de chez
moi. Il continuë de solliciter un
certificat de notre part et m'en a fait
voir plusieurs autres des villes ou il a
résidé. Voyez, Messieurs, dans votre
sagesse, si vous pouvez obtempérer
à sa demande.

Je suis avec autant d'attachement
que de respect,

votre très humble et
serviteur

Jean Louis Bagot		commission intermédiaire, district, districtVisualiser(1 image)
10-3-1792 Paris ce 12 mars 1792
L'an quatrième de la Liberté

Messieurs et chers Concitoyens,

Il y a longtems qu'on nous reprochoit
que la responsabilité des ministres étoit
un mot vuide de sens. L'Assemblée
dans sa séance du dans sa séance du 10 matin a
prouvé démonstrativement le contraire.
Elle a porté un décret d'accusation
contre Monsieur Delessart qui a été arrêté
2 heures après et qui part aujourd'huy
pour Orléans. Depuis quelques semaines
ce ministre étoit soupçonné d'intentions
perverses ou au moins de négligence
de ses devoirs. L'Assemblée législative
a cru en trouver une preuve non équivoque
dans sa lettre confidentielle écrite à		OrléansAssemblée, Assemblée législativeVisualiser(1 image)
Monsieur de Noailles et communiquée à Monsieur
de Kamitz. Peut être eut-il été légal
d'entendre le prévenu à la barre sur
ses faits justificatifs, mais l'assemblée
ne jugea pas à propos d'adopter ce
parti qui lui fut proposé. On ignore
encore quel sera son successeur dans le
ministère des Affaires étrangères.
Deux choses paroissent avoir
contribué à la disgrace de Monsieur Delessart
le renvoi du ministre de la Guerre
dont l'activité (qui plaisoit assez à
l'assemblée) paroit avoir motivé la
retraite forcée ; et l'obstination que
le conseil met à conserver le ministre de
la Marine dont la conduite a mérité
l'improbation de l'assemblée. Quoiqu'il
en soit voilà le ministère désorganisé
car on annonce que Monsieur Cahier sollicite
fortement sa retraite. Celui qui succède
à Monsieur de Narbonne est Monsieur de Grave		ministère des Affaires étrangères, assemblée, assemblée, ministèreVisualiser(1 image)
colonel du ci-devant régiment de Chartres
qu'on dit très honnête homme et très
excellent citoyen

Une autre nouvelle non moins
intéressante, c'est celle de la mort de
l'empereur qu'on dit décédé en 3 jours,
suivant quelques lettres de Vienne. Cependant
on doute encore du fait, parce qu'on annonce
qu'il n'y a point encore de courrier
officiel à cet égard. Si cette nouvelle se
confirme, il en résultera beaucoup de troubles
en Allemagne pour la nomination d'un
nouvel empereur et cet incident ne permettra
que nous ayons la guerre de ce côté.

A l'égard de l'Espagne voilà un
changement dans le ministère qui
pourra bien en apporter dans les dispositions
de cette cour pour nous.

Nous sommes également instruits
que nos négociations vont très bien en
Angleterre et que nous pouvons
compter au moins sur une neutralité		Angleterrerégiment de ChartresVisualiser(1 image)
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